Hafsa Bint Al-Hajj, dite Al-Rakuniyya, est une grande poétesse andalouse qui a marqué la littérature du XIIème siècle, au temps des Almohades. Surnommée «la poétesse aux deux amants», elle a pu mener une vie libre voire osée malgré les contraintes religieuses de l’époque.
On pourrait croire qu’il s’agit d’une légende, mais la réalité va toujours au-delà de toutes les fictions imaginables. L’un des traits les plus frappants de l’histoire d’al-Andalus, reste cette part importante prise par la femme dans toutes les manifestations de l’esprit, et plus particulièrement dans les productions poétiques. Il faut dire que dans ce pays, la poésie était en vogue, les princes et les paysans s’exerçaient dans l’art de rimer, et les femmes tenaient une place de choix dans l’art de bien dire. Hafsa bint al-Hajj est considérée par beaucoup comme la poétesse andalouse la plus réputée de son époque, au même titre que Wallada bint al-Mustakfi et Nazhun bint al-Qila’i. C’est sur Hafsa que les historiens arabes nous donnent le plus de renseignements, et c’est aussi d’elle qu’ils nous ont transmis le plus grand nombre de vers. Les détails foisonnent notamment à l’établissement de la dynastie Almohade en 1154, aux débuts de sa relation avec Abou Jaâfar, poète aristocrate grenadin et fils d’Abdelmalik, seigneur de Qalaât Bani Said (ville au nord-ouest de Grenade).
Ibn al Khatib, poète de Grenade et homme politique, dit d’elle : «Elle était la perle unique de son époque par sa beauté, sa distinction, sa culture et la finesse de son esprit». Il rapporte l’opinion d’Abou Al-Qassim : «Elle était cultivée et noble; elle avait l’esprit primesautier et composait facilement ses vers». Al-Maqqari y va, à son tour, de son éloge. Et d’autres aussi, tant d’autres.
Par Myriam Alila
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