Monstre de communication, Hassan II a toujours été soucieux de son image dans les médias, a fortiori étrangers. Pourtant, des journalistes français ont relevé le défi de montrer la dure réalité des années de plomb.
Disparaître dans la machinerie des années de plomb, destinée à museler toute opposition, c’était être condamné à une mort réelle ou symbolique : à l’invisibilité, au silence, à la honte, à l’oubli. Après leur arrestation, on n’osait plus rien dire des prisonniers : on ne connaissait même pas leur lieu de détention – on n’en avait pas d’image. Il n’était alors pas question de liberté de la presse marocaine. Mais les journalistes français (soit qu’ils fussent attachés historiquement au Maroc, ou que, récents hérauts des droits de l’homme, ils cherchassent des causes à défendre) relevèrent rapidement le défi que leur lançait ce voile noir posé sur la situation politique marocaine. Car l’image, pour le journaliste, c’est la seule vérité, la seule preuve et, surtout, c’est son métier. Il fallait donc aller les chercher, ces images dont le Makhzen cachait soigneusement l’existence. Il fallait donc parler de ceux qui n’avaient plus droit au son, ni à l’image. Il fallait montrer l’invisible : la fosse où le Makhzen voulait enterrer ses opposants ou, mieux, leurs visages. Seulement, la ténacité des journalistes français venait parfois mettre à mal un délicat équilibre diplomatique. Mais elle a aussi permis de dénouer nombres d’affaires afin que, pour finir, les Marocains puissent enfin se ressaisir de leur histoire.
Marie Pierre
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Compte tenu du contexte historique de l’époque , il était impensable qu’un quelconque media eût pu soulever le problème des détenus de Tazmamart.
A chaud, l’ invasion du palais a provoqué une indignation internationale : nombre de personnalités étrangères est tombé sous les balles, suite aux tirs croisés entre la garde royale et les insurgés ; quant aux rescapés , ils ne seront pas prêts à oublier cette journée noire du 10 juillet 1971.
Sur le plan national, à l’instar de la position internationale, un large pourcentage de citoyens marocains s’est rangé derrière la position de leur souverain, souhaitant mater la rébellion. Les consciences ne se reveilleront que lorsque parurent les premiers ouvrages des rescapés de Tazmamart, littérature carcérale : Raiss, Merzouki, Hachad, Bine Bine, Chberreg …. Tahar Benjelloun fut alors accusé d’opportuniste, n’ayant pas pleinement joué son rôle d’intellectuel, en dénonçant l’injustice d’alors.
Notre compassion s’accrut lorsque les émissions télévisées se sont multipliées, relayant l’innocence des prisonniers , induits en erreur par leurs supérieurs. Bien que cette intervention salvatrice arrive un peu tard (32 morts , 28 rescapés apres 18 ans d’ emprisonnement) nous remercions toutes personnes ou médias ayant contribué à la liberation de nos concitoyens.
Effectivement faut se remettre dans le contexte de l’epoque.c comme pour le 11 septembre americain.personne ne doutzit d’un complot…