Né en 1925, le sergent-chef Larbi Abounaidane est parti combattre en Indochine au sein du 8e RTM, sous le matricule 2992. Il raconte l’attaque de la citadelle de Dong Khé, puis sa captivité.
Où étiez-vous lorsque s’est déclenchée l’attaque le matin du 25 mai ?
Je commandais un avant-poste, situé sur un piton, à 1 km à l’ouest de Dong Khé, au-delà du terrain d’aviation. J’avais 38 hommes sous mes ordres, de bons tirailleurs. Nous avons entendu que ça tapait fort, pendant deux jours et deux nuits. Personne n’a osé descendre du poste pour en savoir plus. Le capitaine Casanova, qui m’avait envoyé là-bas, avait donné des instructions très précises : « Quoi qu’il arrive, ne bouge pas de ton perchoir. S’il y a du grabuge, on viendra te chercher ». Mais il n’a jamais appelé. Et nous avons attendu. Je n’ai appris sa mort que bien longtemps après.
Que vous est-il arrivé ?
Le poste a été pris à revers, car nous pensions tout le temps qu’ils s’attaqueraient d’abord à nous avant de s’en prendre à la citadelle. Le temps de retourner les mortiers et nous étions pris. Nous nous sommes défendus, à bout de munitions, mais tous mes hommes ont été tués, les uns après les autres. Il ne restait plus que moi. Mon arme était vide. Un bo doi s’est approché et m’a fait signe avec sa baïonnette de lever les bras en l’air. J’ai dû marcher sur les corps de mes camarades, les enjamber. Je n’avais pas le choix. Un Viet m’a poussé de l’avant et nous avons marché plusieurs kilomètres.
Par Maurin Picard
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