Lorsque survient « l’affaire » de Dong Khé, le « coup dur » que redoutait le général Carpentier depuis son quartier général à Saïgon, le CEFEO n’a pas pris toute la mesure des bouleversements géopolitiques et stratégiques en cours.
Avec l’entrée triomphale de Mao Tsé-Toung à Pékin en octobre 1949, le Vietminh n’est plus seul. Un renversement du rapport de forces en Indochine est imminent, les Etats-Unis rechignant toujours à satisfaire les besoins pressants en matériel des Français. Pour Paris, il s’agit encore d’un conflit colonial. Pour Washington, il serait plutôt… post-colonial : la France s’accroche pied à pied à ses possessions asiatiques, tandis que les Etats-Unis y voient une légitime lutte indépendantiste vietnamienne. Le déclenchement brutal de la guerre de Corée en juin 1950 aplanira ces divergences. Les Français sont soudain considérés comme un rempart bienvenu à l’expansionnisme communiste en Asie du Sud-Est. Mais il faudra pour cela que le corps expéditionnaire fasse l’amère expérience de la RC4. Le haut-commandement français porte une lourde responsabilité dans le désastre de 1950. Il n’a pas tenu compte des avertissements recueillis sur le terrain. Le Vietminh n’est plus constitué de vulgaires nhaqués en haillons, mais de bo doi disciplinés et fanatisés à l’extrême. Lorsque les Français, tétanisés par la menace chinoise, réaliseront ce changement de nature du conflit, il sera trop tard. La descente aux enfers, entamée le 25 mai 1950 à Dong Khé, se terminera à Diên Biên Phu, le 7 mai 1954. Et signera la fin de la présence française en Asie du Sud-Est.
Par la rédaction
Lire la suite de l’article dans Zamane N°17