Célébrer le nouvel an entre le 31 décembre et le 1er janvier n’est devenu une habitude au Maroc qu’au lendemain du protectorat. Mais avant cela, le débat en Occident était houleux. Explications…
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la date du 1er janvier pour marquer le passage d’une année à l’autre ne revêt pas un caractère religieux direct. Derrière la prise d’une telle décision, le souci du roi français Charles IX (1550-1574) a été d’abord de mettre en place un calendrier commun aux magistrats, aux décideurs, religieux, commerçants et enfin au territoire français. Le roi a fini par mettre en œuvre son idée, dans le cadre des réformes qu’il a initiées depuis 1563. L’historien Xavier Le Person explique qu’avant de prendre cette mesure : « la confusion dure 3-4 ans. On voit dans les archives que certains clercs ne savaient plus quelle était l’année en cours, ils rayaient la date, corrigeaient à nouveau… ». Cela a donné lieu à une différence au niveau du passage au nouvel an à travers les régions. Certaines prennent la célébration de Noël comme étant une transition d’une année à une autre. D’autres considèrent la fête de Pâques comme étant le passage effectif à l’année d’après.
« Mais en 1567, la logique royale l’emporte ». Charles IX souhaite également prendre le dessus sur le pouvoir que s’accaparent les églises, adoptant jusque-là chacune le calendrier qui lui convient. Dans l’article 59 du document de l’Edit de Rousillon – dit aussi l’Edit de Paris et daté de 1564 – le roi Charles IX précise la mise en vigueur du calendrier unifié : « [nous] ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contrats, ordonnances, édictes, lettres […], l’année commence dorénavant et soit comptée du premier jour de ce mois de janvier ». En revanche, si cette unification a été accueillie positivement en France, elle a dû attendre deux autres siècles pour être prise par la Grande-Bretagne, sur fond d’émeutes à Londres.