Joyau de l’architecture espagnole, le théâtre du Cervantès à Tanger, qui a été construit il y a 110 ans, représente une magnifique passerelle entre le passé et un avenir à construire.
Le théâtre Cervantès de Tanger est né de l’idée ingénieuse d’un couple mécène hispano tangérois, épris d’art et de théâtre. Esperanza Orellana et Manuel Peña ne ménageront aucun effort pour doter Tanger d’un fastueux théâtre qui, selon l’arabisant Michaux Bellaire, «constitue l’un des monuments de ce genre les mieux établis du Maroc». L’importance et l’envergure du projet vont obliger le couple promoteur à déployer des ressources financières considérables à la construction d’un des meilleurs édifices du Tanger moderne (un demi-million de pesetas), non sans soulever un tollé de commentaires. Certains détracteurs taxaient ce projet de dépense inconsidérée, d’autres reprochaient au couple Peña d’avoir enterré leur argent dans une opération non rentable (la culture) et d’avoir délaissé un secteur porteur à l’époque (l’immobilier), autrement dit la spéculation foncière.
Le théâtre Cervantès, comme tant d’autres constructions européennes antérieures à la première guerre mondiale, fut érigée sur un terrain dépourvu de toute viabilité à la lisière même de la médina, appelé «La huerta de Frasquito le sévillan», et à la place d’un magasin de produits importés, situé en bordure du chemin Orellana, attenant à la propriété Rentistica.
Dans la construction du théâtre furent utilisés les meilleurs matériaux : pierre, brique, ciment, bois. Tous ces matériaux furent importés de la péninsule ibérique, y compris la grille moderniste qui entoure le monument.
Par Mustapha Akalay
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