Terre de traditions et de foisonnement culturel, pays de diversité ethnique et linguistique, où différents styles religieux coexistent et s’affrontent, le Maroc a offert à des générations de chercheurs un terrain d’études idéal. Dans Le proche et le lointain, Hassan Rachik décrit et analyse un siècle de discours anthropologique sur le Maroc.
Lors de son voyage au Maroc en 1884, Charles de Foucauld écrit : « D’ordinaire peu attachés à leurs épouses, les Marocains ont un grand amour pour leurs enfants. La plus grande qualité qu’ils montrent est le dévouement à leurs amis. Ils le poussent aux dernières limites (…) inutile de dire que ces populations qui poussent leur existence les armes à la main, sont braves ». Un demi siècle plus tard, Louis Brunot, sociologue et fonctionnaire de l’administration coloniale, explique à l’intention des Français venus s’installer au royaume chérifien : « Le Marocain exagère toujours soit dans un sens, soit dans un autre. Quand un sentiment, ou un désir apparaît dans l’âme indigène, il l’envahit toute entière et annihile le reste ». Et il ajoute, un peu plus loin : « Le Marocain veut que la noce de sa fille soit la plus brillante, que sa femme porte les bijoux les plus lourds et les plus nombreux, que sa mule soit la plus grasse des mules. La vanité n’est pas le monopole du Marocain, mais ce qui fait sa différence, c’est la façon extrême avec laquelle il l’étale ». Cerner la mentalité des Marocains, saisir comment elle se déploie, se transforme, change dès qu’on passe d’une ville à un village ont toujours été des préoccupations de l’observateur occidental qui se retrouve confronté à la réalité complexe du Maroc.
Par Abdallah Tourabi
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