Au lendemain de l’Indépendance et un an après la mort de son père, Hassan II impose une amnistie au profit d’anciens caïds et notables qui collaboraient avec les Français. Une décision qui s’avèrera plus tard hautement politique.
En novembre 1962, le nouveau roi du Maroc, Hassan II, libère neuf anciens chefs marocains, un ou deux pachas et des «vieux turbans» qui avaient collaboré avec les Français durant le Protectorat. Ces personnalités, autrefois mimées par la Résidence générale de France au Maroc, et qui étaient quasiment tous des commandeurs de la Légion d’honneur, un titre honorifique de grand prestige en France, sont appréhendées après l’Indépendance. Certains par les autorités et d’autres par des membres de l’Armée de libération, qui en avait tué quelques-uns. Puis, ils sont frappés d’indignité par la Commission d’enquête, un tribunal d’épuration, et assignés à résidence. Ils y resteront depuis durant huit ans. Mais, en 1962, Hassan II commence à libérer quelques-uns de ceux qui étaient emprisonnés ou confinés pour cause de collusion avec le colonisateur. Discrètement et au compte-gouttes, mais sans les amnistier formellement, on les laisse se réinstaller dans leurs villes, comme l’ex- pacha de Meknès, Mohamed Ben Hammou, ou surtout dans leur élément naturel, les territoires de leurs tribus d’origine. À la surprise générale, mais pas du Palais royal, ces « parias » sont reçus les bras ouverts par leurs anciens administrés, avec souvent un ostentatoire et bruyant sentiment de joie.
Par Adnan Sebti
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