C’est le doyen de la presse marocaine. Journaliste, manager et distributeur-éditeur, il a vu naitre ou littéralement fait naitre beaucoup de journaux marocains. Affable et volubile, le regard vif et l’esprit alerte, Mohamed Abderrahmane Berrada revient sur de larges pans de son histoire personnelle faite de courage, de patriotisme et de beaucoup de rencontres…
Commençons cet entretien par le commencement : votre ville natale, Oujda…
C’est effectivement là où tout a commencé. Je suis né à Oujda en 1941. Enfant, j’ai bercé dans un climat imprégné du nationalisme et des grandes idées de l’époque. La religion et la langue arabe étaient des marqueurs d’identité assez incontournables. J’ai fait le Msid et l’école des nationalistes comme beaucoup de mes congénères. Notre école s’appelait d’ailleurs «Al-Ourouba» (l’arabité). J’ai obtenu ma «chahada» (équivalent du certificat d’études primaires) en 1952, c’était un vrai diplôme signé par «Assadr al-A’dam» (grand vizir). Beaucoup de mes compagnons ont choisi, par la suite, d’aller poursuivre leurs études au Caire, ou alors à la Qaraouiyine de Fès. Avec mon père, on a convaincu mon oncle, qui était un grand nationaliste et dont l’avis comptait beaucoup, de rester à Oujda et d’apprendre la langue française. J’ai donc intégré le système d’enseignement classique : deux années de primaire à l’école Sidi Ziane, puis le collège Abdelmoumen et le lycée Omar Ben Abdelaziz où j’ai obtenu mon bac en 1961.
Le lycée Omar, comme on l’appelait, était connu pour avoir accueilli plusieurs futurs dirigeants marocains ou algériens…
Tout à fait. Meziane Belfqih, Allal Sinaceur et beaucoup d’autres sont passés par le lycée Omar. De futurs dirigeants français aussi. Pour l’époque, c’était le lycée des élites et des fils de notables. Abdelaziz Bouteflika aussi y était. Il n’était pas de ma promotion, mais je le connaissais. On fréquentait aussi la maison de son père, qui était à côté de celle de Hadi Messouak, futur médecin du roi et grand dirigeant du parti communiste marocain.
Propos recueillis par Karim Boukhari
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