Fierté nationale et capital inestimable, le patrimoine culturel immatériel au Maroc subit, depuis des décennies, les affres des changements profonds que connaît le pays. Sa sauvegarde ne doit pas être conçue comme un attachement nostalgique à un âge d’or ou à des valeurs identitaires immuables.
Le patrimoine culturel immatériel est composé des expressions, des savoirs, des connaissances, des savoir-faire, des représentations et des pratiques transmis de génération en génération au sein d’une culture donnée. Il s’agit des traditions, des littératures orales, des métiers artisanaux, des chants, des danses, de la musique, des évènements festifs, de l’art culinaire, des jeux, des rites et des coutumes. En font également partie les instruments, les objets et les espaces culturels qui leur sont associés à l’image de la Place Jemaâ El Fna qui accueille plusieurs arts du spectacle. La notion de «patrimoine culturel immatériel» est relativement récente, non seulement au Maroc, mais dans le monde entier. Elle est précédée par plusieurs autres expressions telles que «culture populaire» et «us et coutumes». Celle-ci est utilisée par l’administration marocaine jusqu’en 2005. Depuis, la Division de l’inventaire et de la documentation du patrimoine au sein de la Direction du patrimoine culturel comprend un «Service du patrimoine immatériel». L’expression «culture populaire» est encore en usage dans certains cercles académiques, associatifs et médiatiques. Mais elle semble de plus en plus céder la place à la notion désormais consacrée de « patrimoine culturel immatériel». L’inventaire du patrimoine culturel immatériel est entamé depuis la ratification par le Maroc en 2006 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, adoptée par la Conférence générale de l’organisation onusienne en 2003. Cinq éléments de ce patrimoine sont reconnus par l’UNESCO comme faisant partie de la liste représentative du patrimoine de l’humanité : l’espace culturel de la Place Jemaâ El Fna, le Moussem de Tan-Tan, la Fauconnerie, la Diète méditerranéenne, le Festival des cerises de Sefrou et, depuis novembre 2014, l’Argan (pratiques et savoir-faire liés à l’arganier).
Par Ahmed Skounti
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