Considérées comme une richesse culturelle nationale, les «tillouaht», ces anciennes tablettes, ont été laissées à la merci des pilleurs du patrimoine.
Si un promeneur, déambulant dans la médina de Marrakech, prenait le temps d’observer de près les objets exposés à la vente dans un bazar dit «d’antiquités» ou à l’intérieur d’un fondouk à la lisière de la place Jemaâ el-Fna, il ne manquerait pas d’être attiré par des planchettes -plates ou rondes- supports de manuscrits soigneusement traités. Si ce même promeneur est assez avisé pour tenter d’en déchiffrer le contenu, il découvrirait alors qu’il est en présence de documents historiques de grande importance pour la connaissance de la vie sociale et économique de régions précises : tribus et villages du Haut-Atlas, de l’Anti-Atlas, de la vallée du Souss et des oasis présahariennes. Sa curiosité augmenterait en se rendant compte que ces petits morceaux de bois portent des noms de personnes et leurs filiations, inventorient et évaluent les biens mobiliers et immobiliers d’un défunt, les prix de diverses transactions commerciales, les frappes monétaires et leurs poids, les lieux des opérations et leurs natures, etc. Il s’agit donc de rasm adoulaires intéressant la vente de parcelles agricoles, de parts d’eau, d’arbres fruitiers, de maisons, de reconnaissances et de liquidations de dettes, d’actes de naissance, de mariages, de dots, et parfois de copies authentifiées de documents vétustes. Il en est d’autres qui relatent un évènement historique local en consignant un pacte passé entre des tribus mitoyennes, généralement la proclamation d’une trêve.
Par Hamid Triki
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