Zoom sur l’art et la manière de Abbès Saladi, peintre majeur dont on n’a pas fini d’explorer l’univers.
J’ai découvert Abbes Saladi à la Galerie Nationale Bab Rouah à Rabat en 1979 où Pauline de Mazières, alors directrice de la Galerie l’Atelier, organisait une exposition. Au début, j’ai cru découvrir un spécimen de Fqih transformé en peintre pour l’occasion. Les étrangers cherchaient absolument à trouver de la peinture dans ce pays, le Maroc, et surtout quand elle est l’oeuvre d’un illettré n’ayant jamais vu ni connu la culture occidentale. En effet, la galeriste rapportait que le peintre avait été découvert sur la place Jamaâ el Fna à Marrakech. La photo de Saladi imprimée sur le catalogue montrait un jeune homme, vêtu de djellaba traditionnelle, le capuchon tiré sur la tête, assis en tailleur exactement comme font les tolbas sur les places publiques au Maroc. Ceci appuyait ma crainte de me trouver devant l’une des trouvailles anecdotiques de l’orientalisme tardif. Le débat sur l’art naïf et la manipulation par des post-coloniaux de certains de ses acteurs, ravivaient encore les débats. Il y avait tous les ingrédients pour pousser à une attitude de méfiance.
Mais, après avoir vu son travail de très près, et sans me défaire de la méfiance intellectuelle et militante, je me suis vite rendu compte qu’il s’agissait d’un cas à part.
Par Moulim El Aroussi
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