Sur fond de rock, de théâtre d’avant-garde, de contestations sociales et de répression, le Maroc a vécu un bouillonnement intense jusqu’au début des années 1970. Récit.
«Le Maroc en 1970, c’était les Etats-Unis, il faisait bon être jeune. Bien plus qu’aujourd’hui», assène Albert Cohen, illustre rockeur de Casablanca. Considérée comme une décennie dorée, sans conteste idéalisée, les seventies marocaines auront en tout cas été électriques et bouillonnantes ; à la fois sur le plan politique et culturel. En fait, lorsqu’on parle des «seventies», il faut imaginer une sorte de faille spatio-temporelle, un moment suspendu dans le temps, qui prend racine au cours des premières années -euphoriques- de l’Indépendance avant de se refermer avec l’avènement des années de plomb. Une période d’effervescence où s’épanouit, à la fois, une culture commerciale et une contre-culture plus «underground». Décembre 1962, le Maroc (côté villes, du moins) se trémousse encore sur «Ya Ya Twist», interprété en darija par la très jeune Maguy Banon, onze ans au compteur. à Rabat, Mohammed V en était gaga. Au point d’inviter la mini-starlette à se produire au palais royal de Rabat, tous les 14 avril depuis plusieurs années, pour l’anniversaire de sa cadette adorée : la princesse Lalla Amina. Au point aussi de la surnommer Malika (la reine), qui deviendra le véritable nom de scène de Maguy. Comme le reste du monde, le royaume surf sur la douce et entêtante vague yéyé. Avec, une petite touche en plus : l’enthousiasme de l’indépendance; et donc un poids en moins : l’oppression du protectorat. Une liberté enfin retrouvée, où tous les rêves sont encore permis.
Nina Kozlowski
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