Militant de gauche puis écrivain sur le tard, Edmond Amran El Maleh, qui nous a quittés le 15 novembre, a toujours joué sa propre partition, loin du consensus mou et des slogans tapageurs. Sa littérature n’a pas fini de parler pour lui.
Un ami me rapportait tout récemment son étonnement devant la réaction d’Edmond Amran El Maleh alors qu’il lui offrait un exemplaire du dernier livre qu’il venait d’écrire. Edmond lui demande une dédicace. Ce sera «En hommage à l’ami disparu», référence à Kacimi qui venait de nous quitter. La réplique de l’écrivain est surprenante : «Tu pourrais au moins mettre disparu entre guillemets». «Mais pourquoi donc ?», répondit mon ami. «Parce que je ne suis pas encore mort», rétorqua Edmond. Le statut d’un individu change quand il atteint un certain âge. Les relations même que ses amis entretiennent avec lui prennent un tour différent. On peut dire que le poids des ans fait entrer de manière irréversible dans la solitude des mourants. Contraint de vivre autrement, de penser sa vie à travers la quête d’un individu isolé, l’existence apparaît bien désuète surtout lorsque des intimes un à un s’en vont. Dans son tout dernier texte, Lettres à moi-même, Edmond Amran El Maleh, l’homme au sourire malicieux, aux yeux pétillants d’humour et amoureux de la vie, pose comme un aveu irréfutable cette dernière phrase qui clôt son livre : «La mort est la sanction de tout ce que rapporte le narrateur, ce sentiment confus mais très présent dans tout ce que vous écrivez, présent jusqu’à l’obsession, trouve en ces lignes une singulière résonance».
Par Mustapha Bencheikh
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Edmond ou la dissidence tranquille
Militant de gauche puis écrivain sur le tard, Edmond Amran El Maleh, qui nous a quittés le 15 novembre, a toujours joué sa propre partition, loin du consensus mou et des slogans tapageurs. Sa littérature n’a pas fini de parler pour lui.