C’est bien le patron de l’édition au Maroc qui s’en est allé, en cette triste journée du 14 novembre 2023, un amoureux du livre et de son pays, un enfant de la balle dont la vie aura été une sempiternelle course contre le temps.
Ce texte, qui est avant tout un hommage à une personne récemment disparue, n’est pas un portrait classique mais éclaté, écrit à la première personne, basé sur des instantanés et des souvenirs personnels. L’idée n’est pas de raconter une vie, mais une personnalité, d’offrir une idée «normale», quotidienne, de ce qu’elle a été. Flashback. Nous sommes dans la deuxième moitié des années 1980. J’ai un manuscrit sous le bras et on me conseille d’aller voir Abdelkader Retnani. Il avait alors un pied dans le monde du football et un autre dans celui de l’édition. Je savais aussi qu’il avait grandi à Derb Soltane, fief du Raja de Casablanca, et qu’il avait fait un passage à l’OCE (Office chérifien de contrôle d’exportation). Retnani me reçoit dans les bureaux d’Eddif, avenue des Forces armées royales. Il est affable, courtois et surtout direct. Il a lu mon manuscrit : «Je te publie si tu finances le tirage, qu’en dis-tu ?». C’était à prendre ou à laisser. J’ai finalement renoncé, enterrant un manuscrit dont je n’étais pas convaincu, un écrit de jeunesse. Quelques années plus tard, je suis devenu journaliste culturel, et même si nous avons toujours gardé un contact régulier, nous n’avons plus reparlé de cet épisode. Mais cette anecdote vous situe tout de suite l’homme : pressé et fonceur, beaucoup d’énergie et pas de temps à perdre. Abdelkader Retnani connait tout le monde et tout le monde le connait. Il est accessible, sociable, partageur, bon vivant.
Par Karim Boukhari
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