À la fin de sa vie, l’écrivain et penseur libanais Amin Al-Rihani visite la zone nord du protectorat. Ce chantre du nationalisme arabe, qui plaide pour l’indépendance du Maroc, se laisse pourtant séduire par l’« œuvre civilisatrice » de l’Espagne de Franco.
Le 13 septembre 1940, quelques mois seulement après son retour d’un long voyage à l’étranger, l’écrivain et penseur Amin Al-Rihani mourait bêtement victime d’un banal accident de bicyclette dans son village d’Al Fouraykah, sur le flanc de la montagne du Metn, au Liban. Figure importante, avec Gibran Khalil Gibran, de la littérature de la diaspora arabe (Mahjar), ce Maronite était également l’un des premiers théoriciens du nationalisme arabe. Il avait 63 ans et avait eu une vie bien remplie faite de souvenirs de voyages, de rencontres et de livres. Il venait justement d’achever un périple qui l’avait conduit dans le nord du Maroc et en Espagne, considérée comme une émanation d’Al-Andalus par cet Arabe du Machrek. Il a donc laissé sur la table de son bureau, dans la maison familiale d’Al Fouraykah, un ouvrage manuscrit bourré d’annotations et accompagné de photos dédicacées des principales personnalités espagnoles de l’époque, ainsi que de notables du nord du Maroc avec leurs jellabas blanches, leurs fez et leurs babouches. Comme il en avait l’habitude, il avait déjà trouvé un titre à son livre. Pas très original : Al Maghrib al Aksa. Rihla fi mintakat al himaya al isbaniya (Le Maroc. Voyage dans la zone du protectorat espagnol).
Par Adnan Sebti
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