Bien qu’à peine sous administration française, le Maroc prend part à la Grande Guerre qui déchire l’Europe entre 1914 et 1918. Le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (RICM) y accomplit des prouesses militaires rarement égalées, avec en point d’orgue la célèbre bataille de Verdun. Récit de boue et de sang d’une guerre lointaine mais traumatisante…
Dans la poche d’un soldat allemand mort, un bout de papier. Un poème y est griffonné à la hâte. L’homme y décrit ses peurs et nomme son plus grand cauchemar «Les hirondelles de la mort». À l’été 1915, les Germaniques connaissent donc les guerriers marocains. Pour eux, ces oiseaux d’un genre nouveau sont de bien mauvais augure. Des burnous ouverts qui évoquent des ailes et une agilité létale suffisent à justifier cette comparaison. Le surnom «hirondelles de la mort» est d’ailleurs validé en 1918 par l’armée française, qui sigle le Régiment de Marche des Tirailleurs Marocains d’un insigne régimentaire représentant une hirondelle qui tient dans son bec deux ossements au centre d’un croissant, symbole de l’islam.
Au sortir de la Grande Guerre, la plus épouvantable boucherie qu’a alors connu l’humanité, ce régiment colonial est le plus décoré de l’armée française. Des milliers de spahis (cavaliers) et de goumiers (infanterie légère) se sont illustrés dans les plus célèbres batailles de la première guerre mondiale : la Marne, Lassigny, l’Oise, le Chemin des Dames et bien sûr Verdun. Cette dernière, qui a duré à elle seule neuf mois, incarne à elle seule la barbarie de ce conflit.
Par Sami Lakmahri
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