Salé est une ville au passé aussi riche que celui des autres grandes villes du royaume. Des familles ont marqué de leur empreinte l’histoire de la cité des corsaires. Les Fennich en font partie.
Lorsqu’on évoque les élites urbaines du Maroc précolonial, on pense généralement aux élites du négoce, de l’artisanat et de la religion (chérifisme, ‘ilm). Comme pour Rabat ou Tétouan, un segment de l’élite de Salé vient de l’activité corsaire qui se situe à cheval entre le savoir-faire guerrier, les transactions commerciales, une certaine connaissance du monde européen, et le prestige d’une revanche contre l’exclusion des Andalous par les monarchies chrétiennes d’Espagne. En fait, à cause du rayonnement de la course salétine, cette activité attirait plusieurs catégories venues de différents pays européens et musulmans, mais aussi d’autres régions marocaines. Il en est ainsi d’un ensemble de familles comme les Maaninou, les Aouad, les Hamdouch, les Trabelsi, les Sedrati et les Nejjar. Les Fennich appartiennent à cette élite et étaient probablement à l’origine des renégats (‘ulûj) d’origine espagnole. Nous nous proposons de suivre leur itinéraire à travers une série de figures représentatives qui illustrent l’évolution sinueuse des rapports entre la cité et le Makhzen.
Premières émergences
Rappelons que la course salétine s’est affirmée dans le contexte de vide dynastique qui a vu naître la République du Bouregreg, et dans le cadre d’une configuration qui comprend trois entités différentes : Salé, la Kasbah, et Salé-La Neuve (actuelle Rabat). Les sources parlent souvent de «Salé» sans forcément préciser l’entité en question. C’est dans ce milieu qu’apparaissent les premiers personnages de la famille. El Haj Mohamed Fennich est chargé de négocier avec les Hollandais, et en 1655 il est nommé gouverneur de Salé.
Par Abdelahad Sebti
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