La décennie des années 1970 est synonyme de crise énergétique mondiale et le Maroc ne fait pas exception. Le royaume est de plus empêtré dans un conflit régional qui semble s’éterniser. Le nucléaire peut-il être la solution miracle à tous ses maux ?
Barrage de gendarmes, triple portique de sécurité, chiens renifleurs d’explosifs et contrôle pointilleux des visiteurs. Bienvenus au CNESTEN, le Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires ! Situé en pleine forêt de la Maâmora, entre Salé et Kénitra, ce centre est aujourd’hui la face visible et officielle du nucléaire marocain. Son existence et ses objectifs ne semblent souffrir d’aucune opacité et comme son nom l’indique, cet organisme est destiné uniquement à la recherche et à la compréhension de cette sulfureuse forme d’énergie. La puissance très réduite de son réacteur nucléaire (environ 2 mégawatts) et l’accueil sans ambigüité qui nous a été réservé confirment les ambitions mesurées de cet organisme officiel. En revanche, les circonstances exactes de sa création en 1986 peuvent laisser planer des doutes quant au scénario qui a fait du nucléaire une option plus qu’envisageable pour le Maroc. Bien avant cette date, l’histoire d’amour encore impossible entre le royaume et l’énergie atomique semble débuter déjà au temps du Protectorat. Les ingénieurs français sont soucieux de comprendre, voire d’exploiter la formidable énergie contenue dans les atomes. C’est à nouveau vers le Maroc, considéré par Paris comme le paradis des géologues, que l’attention va se tourner.
Dès l’année 1948, la CEA (Commission de l’énergie atomique française) prend le relais d’une prospection pétrolière engagée préalablement par le Service des Gîtes Minéraux. La raison de son implication concerne la teneur importante d’uranium dans le phosphate (200 g par tonne) découvert dans les régions de Rhamna et Benguerir. Depuis, les spécialistes de la question savent qu’en termes de richesse minérale liée à l’énergie nucléaire, le Maroc est dotée naturellement d’un élément clé : l’uranium. Un filon plus qu’intéressant que le royaume ne manque pas d’entretenir après son indépendance.
Par Sami Lakmahri
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