Pilier de sa politique économique et diplomatique durant de nombreuses décennies, la course s’est brutalement ralentie au Maroc à la fin du XVIIIème siècle et au début du suivant. Quelles sont les causes et les conséquences de la disparition d’une telle activité, qui a fait jadis des pirates et corsaires marocains la terreur des mers. Retour sur un naufrage inévitable…
« À notre cher fils, décédé dans sa dix-neuvième année, à Bocaya (Maroc), prisonnier et victime des pirates rifains ». Ceci est l’épitaphe de Paul Peinen, gravée sur sa tombe au cimetière parisien du Père Lachaise. Le jeune mousse français, mort en captivité, est probablement la dernière victime de l’ère de la piraterie sur les côtes marocaines. Il a eu le malheur de se trouver à bord d’un navire italien pris pour cible aux abords de la mer Méditerranée, alors qu’il se dirigeait à Marseille.
Si cette affaire suscite autant l’émoi en Europe, c’est parce que la prise date de l’été 1897. Et à l’approche du XXème siècle, la piraterie est censée être de l’histoire ancienne. Et si quelques intrépides Rifains s’accrochent encore à cette activité, ce ne sont là que des vestiges d’une époque où les marins marocains pouvaient se targuer de peser dans le rapport de force de la région méditerranéenne.
Si l’image des pirates maures est diabolisée dans la littérature occidentale, leur apparition au XVIIème siècle vient pourtant en partie répondre à l’expansionnisme européen. C’est ce qu’on appelle le «jihad maritime». L’enjeu politique se double rapidement d’un autre, diplomatique, qui ne manque pas de jouer des rivalités entre Occidentaux. Bien entendu, la course est aussi une activité rentable.
Par Sami Lakmahri
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