L’écriture de l’histoire d’Al-Andalus en Espagne est de plus en plus travestie par une littérature « parallèle » où se confondent les référentiels politiques de l’extrême droite et la méconnaissance d’une époque qui a fait la gloire du monde arabo-musulman et de l’Espagne.
En 2006, deux ans après avoir quitté le pouvoir, l’ex-président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, créait la polémique en s’en prenant vertement à l’islam et aux musulmans. Lors de l’ouverture à Washington du séminaire «Menaces globales et structures atlantiques», organisé par le très conservateur think tank Hudson Institute, Aznar critiqua sévèrement le monde musulman qui avait, selon lui, demandé une rectification au pape Benoît XVI pour une déclaration offensive sur l’islam. On s’en souvient, le souverain pontife avait cité un document médiéval qui décrivait le prophète Mohammed comme « maléfique et inhumain ». Devant une assistance fournie, Aznar déclara : «Aucun musulman ne m’a demandé pardon pour avoir occupé huit siècles l’Espagne (…) L’Occident n’a pas attaqué l’islam, ce sont eux qui nous ont attaqués». «Quelle est la raison pour laquelle nous devrions demander pardon alors qu’eux ne le font jamais ?», se demanda l’ancien gouvernant qui s’est défini alors comme «un admirateur d’Isabelle et Ferdinand, les Rois catholiques». Avec ces déclarations, la messe était dite. Les huit siècles d’Al-Andalus, une appellation qu’Aznar ne prononce quasiment jamais, étaient résumés dans la bouche et l’esprit de l’ancien gouvernant conservateur, qui avait été un des plus solides alliés, avec le Britannique Tony Blair, de George W. Bush dans sa guerre en Irak, à une histoire d’invasion et d’occupation d’un territoire qui ne s’appelait pas encore l’Espagne, mais plutôt l’Hispanie, ou plus exactement le Royaume wisigoth de Tolède.
Par Adnan Sebti
Lire la suite de l’article dans Zamane N°52