Dans «Pour une lecture profane des conflits», l’historien Georges Corm invite à une réflexion profonde sur des conflits souvent justifiés par la thèse débilitante du «choc des civilisations» et de la lutte contre le «l’internationale islamo-fasciste».
C’est en nous invitant aux origines même de la modernité politique, avec la philosophie des Lumières, que Georges Corm décortique, dans son livre Pour une lecture profane des conflits, le présent et les grilles de lecture actuelles qu’il trouve biaisées et fausses. Il y a entre l’Occident et les Autres, pour reprendre l’expression de Samuel Huntington (the West and the rest), un contentieux des imaginaires beaucoup plus redoutable que les batailles sur le terrain, aux dépens de la réalité objective, assène Corm. Cela ne date pas de la fameuse thèse du clash des civilisations de Huntington, mais bien avant avec les États-Unis, le chef de file du « monde libre », qui ont œuvré à instrumentaliser la religion dans leur guerre idéologique contre l’Ours soviétique. L’organisation de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), la révolution iranienne, les moudjahidines afghans entraînés pas les Américains et financés par les Saoudiens, le sacre du pape Jean-Paul II, l’instrumentalisation de l’Église en Amérique latine, sans oublier bien sûr Israël qui repose sur une idéologie pastiche avec comme référence les textes bibliques et pour fondement un socle laïc, étaient les signes avant-coureurs de la thèse du clash des civilisations, vulgate des néo-conservateurs. C’est un peu dans cette logique que le communautarisme anglo-saxon a éclipsé les valeurs républicaines ou les rapports de citoyenneté chers à Rousseau sur la base du contrat social. Cette dérive, nous rappelle l’auteur, est porteuse de grands dangers. Bien avant Charlie, Corm présentait le danger de cette bipolarisation des civilisations.Les communautés issues de la colonisation, de la décolonisation, ou de l’émigration, vivant en Occident et provenant du monde musulman, «sont perçues dans les pays d’accueil comme un danger, des cinquièmes colonnes potentielles dans la nouvelle guerre de «civilisation» qui succède à l’ancienne guerre froide».
Par Hassan Aourid
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