Le temps peut-il faire oublier les méfaits du colonialisme ? Si la tendance récente était à une forme d’absolution, un regard serein et plutôt nuancé est indispensable pour surmonter les malentendus qui planent toujours entre les deux rives.
L’Assemblée nationale française devait adopter le 24 février 2004 un projet de loi sur les effets bénéfiques de la colonisation. La levée de boucliers, dans l’Hexagone et ailleurs, a poussé les promoteurs du projet à le retirer. Ce n’était ni fortuit, ni un hasard de projeter à un autre regard sur le colonialisme qui le dédouane des atrocités commises contre «l’indigène», de l’exploitation, des tracés frontaliers arbitraires qui n’avaient cure ni des peuples, ni de leur culture. Ce n’était plus le discours de la mauvaise conscience occidentale et encore moins le mea culpa, comme il ressortait des écrits de brillants esprits, tels Sartre, Frantz Fanon ou Albert Memmi, ou ceux d’un Aldous Huxley ou de George Orwell, pour l’Empire britannique, mais plutôt le discours lénifiant sur l’œuvre de modernisation du colonialisme, voire d’humanisme qui lui est accolé désormais. C’était au moment où le glas sonnait pour l’Empire soviétique que ce discours commençait à poindre. Il devait s’appuyer sur les échecs des expériences nationales dans les pays décolonisés. Comme le dit Sophie Bessis dans son livre L’Occident et les autres, la restauration du mythe colonial «humaniste» a commencée au début des années quatre-vingt. Il s’employait à balayer les doutes qui avaient plané sur l’œuvre coloniale. La période coloniale serait une belle aventure, ponctuée de quelques regrettables bavures qui n’enlèvent cependant rien à son bilan, jugé globalement positif.
Par Hassan Aourid
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