On prête allègrement au sultan Moulay Abdelaziz (1894-1908) l’image d’un éternel enfant, désintéressé de la politique. Il aurait également été un personnage malléable et dépourvu d’autorité. Cette légende, bâtie par la propagande de ses ennemis, n’est en réalité pas tout à fait fondée. Bien que passionné par la modernité occidentale, quelques faits historiques prouvent que le sultan a été capable de sérieux coups de sang, dont les conséquences auraient pu être décisives. Pour exemple, sa décision, en 1904, de congédier la mission militaire française, constituée à la demande de Moulay Hassan 25 ans plus tôt. En colère contre les futurs colons qu’il juge trop envahissants, le sultan souhaite même élargir la «chasse aux Français». Une action évitée de justesse qui aurait certainement débouché sur une guerre ouverte, déclenchant sans doute l’hostilité de la France, qui ne se serait alors pas soucié d’instaurer un simple protectorat. Moulay Abdelaziz a également fait preuve de cruauté envers certains de ses sujets. Une de ses premières décisions (sous l’influence de son vizir Ba Ahmad qui souhaitait écarter ses rivaux) a été de faire enfermer dans une geôle les deux frères Jamaï, éminents ministres. L’un d’eux mourra enchaîné en détention, tandis que l’autre, qui aura dû supporter la présence du cadavre pendant une semaine, mourra à Tanger quelques années plus tard, libre, mais réduit à la mendicité.
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