Nayef Hawatmeh, fondateur et chef du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine, est considéré comme un des symboles de la gauche nouvelle en Palestine et dans le monde arabe. Il a contribué depuis plusieurs décennies au militantisme contre l’occupation israélienne et à la promotion des idées du progrès et de l’unité arabe. Dans cette interview exclusive, il revient notamment sur les derniers développements dans le région et surtout sur les massacres perpétrés par israël à Gaza.
Quels sont d’après vous les projets israéliens concernant Gaza ?
Au FDLP, nous estimons que le gouvernement de Netanyahou se fixe deux objectifs. Le premier est la recherche, d’une façon directe et annoncée, la destruction des tunnels, des rampes de lancement de roquettes et des caches d’armes à Gaza. À travers cette stratégie, l’ennemi tente clairement d’affaiblir notre capacité de résistance. Le second objectif est de forger indirectement une image favorable à Israël en présentant le pays comme une victime, légitimant ainsi son prétendu droit à se défendre. L’ennemi cherche à rallier la communauté internationale à sa cause pour ensuite pouvoir persécuter et massacrer notre peuple en toute quiétude.Il pensait, grâce à ces deux stratégies combinées pouvoir se présenter en position de force à de futures négociations avec nous. Ainsi pense-t-il continuer à contester nos revendications légitimes de souveraineté, d’indépendance et notre droit à faire revenir nos réfugiés.
Mais la réalité du terrain confirme que l’ennemi à échouer dans ses tentatives.
La situation actuelle remet-elle en cause les fondements de l’accord entre Palestiniens ? Quelles stratégies allez-vous adopter désormais ?
La situation politique ne peut qu’évoluer en de telles circonstances. Le premier constat est que l’ensemble des forces palestiniennes répond présent. Nous sommes tous d’accord de la nécessité de lutter contre l’ennemi israélien. Nous sommes tous formellement engagés dans cette nouvelle bataille pour notre indépendance, pour notre souveraineté partout où vivent des Palestiniens, dans les territoires ou au sein même de l’entité sioniste. Auprès des instances internationales, nous militons également pour la création d’un État palestinien basé sur les frontières d’avant 1967 conformément à la résolution de l’ONU datant du 29 novembre 2012.
Cela implique en effet une révision de notre stratégie globale. Auparavant, nous soutenions la recherche de négociations politiques sous l’égide des États-Unis. Aujourd’hui, nous souhaitons associer notre action politique à notre lutte totale pour notre indépendance. Nous pensons désormais que c’est par la résistance, sous toutes ses formes, que nous pourrons reconquérir les droits légitimes de notre peuple. Notre persévérance dans la Bande de Gaza doit nous servir de modèle à une nouvelle approche politique, plus réaliste et plus pragmatique. C’est dans ce sens que j’appelle aujourd’hui à une refonte du système palestinien qui devrait être bâti sur l’entraide et l’union nationale sur un modèle démocratique. Notre nouvelle devise devrait être «compagnon dans le sang, compagnon dans les décisions».
Propos recueillis par Smaïl Bellaouali et Taïb Biad
Lire la suite de l’article dans Zamane N°45-46