Jamais le Maroc sous Protectorat n’a connu un soulèvement des masses urbaines aussi imposant. Le 11 juin 1936 est proclamée une grève générale dans les grandes villes. Ouvriers marocains et français défilent côte à côte à Casablanca, Rabat, Fès, Khouribga et Louis-Gentil (Youssoufia), principaux pôles industriels du pays. L’origine du mouvement social remonte à la crise économique mondiale qui sévit depuis 1929. Le Maroc n’est pas épargné et connait tout au long des années 1930 une paupérisation des classes les plus défavorisées. L’exode rural vient grossir les rangs de la classe ouvrière qui ne manque pas de protester contre les rudes conditions de travail. Les protestations se transforment en colère et à l’été 1936, le problème devient autant social que politique. L’historien Albert Ayache écrit à ce propos : «Ces colères s’aggravaient de passions politiques qui opposaient, comme en France, droite et gauche, Croix de Feu et Front populaire ! L’opposition marocaine urbaine, conduite par de jeunes intellectuels groupés dans le Comité d’Action Marocaine se manifestait uniquement sur le plan des idées». Si les revendications ouvrières sont en partie entendues, celles des premiers nationalistes sont quant à elles réprimées. Les grèves de juin 1936 laissent une trace profonde dans l’histoire du Protectorat au Maroc.
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