Le 9 avril 1956, Mohammed V vient annoncer aux tétouanais que l’ancienne zone de protectorat espagnol revient dans le giron du royaume.
Le Maroc devient officiellement indépendant de la France le 2 mars 1956. Par conséquent le Traité de Fès est aboli, ce qui impose d’en revenir à l’Acte précédent, celui d’Algésiras, signé exactement un demi-siècle auparavant, le 7 avril 1906. Cet acte, qui avait placé le Maroc sous la tutelle des puissances européennes et qui avait conféré à Tanger le statut de ville internationale, garantissait toutefois l’intégrité territoriale du Maroc. Ainsi, la question du statut de la zone nord devait être naturellement tranchée entre le Maroc indépendant et l’Espagne. Depuis le 2 mars, les résistants marocains de la zone nord manifestent sans cesse au nom du sultan Mohammed V pour l’unité nationale. De nombreux incidents éclatent. Le secrétaire général du Parti national des réformes (PNR), Abdelkhalek Torrès, proteste auprès de Madrid contre les violentes répressions policières dont sont victimes les manifestants. En outre, la révolte du Rif, la résistance plutôt, qui embrase encore les montagnes, amène l’Espagne à négocier pour éviter de s’enfoncer dans une sale guerre. Pour le Maroc, la question d’un retour rapide à l’ordre et à l’unité est aussi une question de politique intérieure. Il s’agit d’intégrer rapidement les combattants de l’Armée de libération aux Forces armées royales pour éviter toute dérive en exerçant un contrôle strict des armes en présence et en s’interdisant d’intervenir dans la question algérienne. Mais le 9 avril à Tétouan, l’heure est à la liesse. Le roi Mohammed V célèbre la réunification du Maroc après 44 ans d’occupation étrangère. Quelques jours auparavant, le souverain marocain s’est rendu en Espagne pour négocier la fin du protectorat espagnol dans la zone nord. Finalement, la déclaration hispano-marocaine du 7 avril, premier acte diplomatique du Maroc indépendant, reproduit le protocole franco-marocain du 2 mars. Il reste cependant à régler la question de la ville de Tanger dont le statut international réclame la bienveillance des puissances concernées à l’égard du Maroc, afin d’accélérer leur retrait. Dans l’esprit du souverain, Tanger ne peut être dissociée du reste du Maroc. Il revient à Ahmed Balafrej, ministre des Affaires étrangères du Maroc, de négocier les accords internationaux qui permettront d’effacer le statut particulier de Tanger sur la terre marocaine. Pourtant, afin d’éviter une fuite importante des capitaux, le port de Tanger est doté d’une zone franche, qui favorise aujourd’hui un développement économique spectaculaire.
Par Abdellah Naguib et Jean-Luc pierre