Depuis sept éditions, les Journées du Patrimoine se lancent le défi de faire prendre conscience aux Casablancais la richesse de leur patrimoine. Aujourd’hui, cette initiative prend enfin l’ampleur qu’elle mérite. Retour sur une lutte de tous les instants.
« Il y a à peine quelques années, tout le monde nous riait au nez ! ». Pour Rachid Al Andaloussi, ce temps est désormais révolu. L’architecte et président de l’Association Casamémoire, initiatrice des Journées du Patrimoine, peut enfin souffler. Son association, qui se bat depuis sa création en 1995 pour la sauvegarde du patrimoine casablancais, est parvenue à hisser les désormais célèbres Journées du Patrimoine au rang des évènements incontournables. Cette opération annuelle, lancée depuis sept ans, consiste à organiser des évènements artistiques, mais surtout à opérer des visites guidées des monuments de la capitale économique. Ressuscité, abandonné ou en sursis, le patrimoine de Casablanca peut enfin s’offrir aux visiteurs. Mais la consécration d’aujourd’hui fait suite à un véritable parcours du combattant : « À l’époque, personne n’accordait de l’importance à la sauvegarde du notre patrimoine. Que ce soit les pouvoirs publics, les citoyens ordinaires ou même les intellectuels ». Outre le faible intérêt porté au patrimoine, les détracteurs de Casamémoire accusent l’association d’entretenir l’esprit du Protectorat. Un argument rejeté par Al Andaloussi : « Les bâtiments coloniaux font partie de notre histoire. Les Espagnols, par exemple, l’ont compris depuis longtemps. Comment sont-ils devenus l’une des plus grandes puissances touristiques mondiales ? Tout simplement en s’appropriant l’héritage et le patrimoine d’Al Andalus ». Mais ce n’est qu’avec le temps que la question de la préservation devient celle de tous. Discours royal et mobilisation de la société civile ont contribué à cette prise de conscience. Mais pour Casamémoire, les seules actions militantes de l’association ne suffisent pas. Il fallait donc se rapprocher davantage du public. C’est ainsi que les dirigeants de l’association profitent de la Journée Mondiale du Patrimoine, organisée par l’UNESCO, pour reprendre l’idée à l’échelle de Casablanca. Sept éditions plus tard, l’évènement compte désormais 22 000 participants, dont 210 guides-médiateurs bénévoles. Mieux encore, le concept s’exporte dans d’autres villes du royaume telles que Rabat, Salé, Tétouan, Safi ou El Jadida. Rachid Al Andaloussi nous confie même que la ville de Dakar au Sénégal souhaite s’inspirer de l’initiative casablancaise.
Par Sami Lakmahri