Dans son livre « Hors procédure », le juge Patrick Ramaël relate des faits inédits liés à son enquête sur la disparition de Mehdi Ben Barka. Il y évoque notamment une sombre histoire d’écoutes téléphoniques secrètes.
Alors qu’il enquêtait sur la disparition de Ben Barka (2004-2013), le juge Patrick Ramaël a rarement eu accès aux éléments qui l’aideraient à résoudre l’affaire. Les démarches entreprises à cet effet ont pourtant apporté d’autres détails. Alors qu’il essayait d’entrer en contact direct avec un des personnages clé de l’affaire en 2010, Patrick Ramaël découvre que les agents français au Maroc sont sur écoute par les services secrets locaux. Une conversation téléphonique avec un officier a suffi pour le savoir : « Mon collègue, à la suite de votre appel, a été déclaré “persona non grata” et a eu 48 heures pour quitter le Maroc. Son téléphone était sur écoute ». Patrick Ramaël n’en revient pas : « J’apprends en dix secondes que les policiers français travaillant au Maroc sont placés sous surveillance policière comme les trafiquants de stupéfiants qu’ils combattent (…) Le ministère de l’Intérieur français, face à un renvoi dans ces conditions, ne proteste pas et enjoint à ses fonctionnaires de se taire ! ». Dès 2013, le juge a abandonné son enquête, dans l’espoir que ses collègues ayant pris le relais puissent l’élucider.