Adulé par certains, craint et honni par d’autres, Moulay Ismaïl est un personnage qui fascine. Plus de trois siècles après sa mort, sa mémoire ne laisse encore personne indifférent. C’est le cas de Khalid Yafattah, natif de Meknès et familier de l’héritage du grand sultan, qui s’est lancé dans une quête pour s’approcher de la réalité qu’était Moulay Ismaïl. Il en fait un livre et évoque pour nous sa mémoire et ses principales réalisations.
Zamane consacre le dossier de ce numéro à la vie et à l’œuvre du sultan Moulay Ismaïl. Pour vous, en quoi ce personnage se distingue t-il dans l’histoire du Maroc et peut-on le considérer comme l’un des souverains les plus importants de notre histoire ?
Oui, absolument. Moulay Ismaïl fait partie des personnages historiques que la mémoire collective a choisi de retenir, et ce n’est sûrement par hasard. Il se distingue par plusieurs aspects, et plusieurs records, dont celui marquant du règne le plus long connu, soit 55 ans au pouvoir. Une longévité exceptionnelle, y compris dans les monarchies à l’échelle du monde. Il est bien sur important dans la liste des monarques de l’Histoire du Maroc par les faits qu’il accomplit et les réformes qu’il a entreprises. Nous lui devons la consolidation de la dynastie alaouite, la récupération de plusieurs bastions chrétiens sur la côte marocaine, la modernisation de l’armée, la politisation de l’activité corsaire, l’avènement d’une nouvelle cité impériale et, entre autres, le rayonnement de la diplomatie marocaine. Et comme je l’ai dit, son nom a pu traverser les âges et intéresser des personnes comme moi, qui ne sont pas des professionnels de l’Histoire. Une fascination qui m’a poussé à consacrer des années de ma vie à faire des recherches sur son personnage et l’œuvre qu’il nous a laissé en héritage.
Bien avant son intronisation en 1672, quelle place occupe Moulay Ismaïl au milieu de la fratrie des fils de Moulay Cherif, fondateur de la dynastie alaouite ?
Avant d’entamer son ascension politique, Moulay Ismaïl ne semble pas avoir les faveurs de sa propre famille. Sa personnalité, déjà affirmée, l’a peut-être placée dans la liste des princes pouvant prétendre un jour au trône. Une méfiance qui va d’ailleurs se confirmer au moment de son avènement, période durant laquelle certains de ses oncles et cousins le contestent. Durant la première moitié de son règne essentiellement, le sultan est confronté à plusieurs tentatives de rebellions, menées encore une fois par des membres de sa famille.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°161