Au soir de sa vie, le grand souverain doit gérer les ambitions de ses potentiels héritiers, aussi nombreux qu’impatients. Ce qui fait plonger le pays, lentement mais sûrement, dans une grande période de troubles.
Àl’aube du XVIIIème siècle, Moulay Ismaïl, largement quinquagénaire, doit faire face aux ambitions de ses descendants. Le Maroc n’est pas assez grand pour contenter tous les princes, qui ne sont pas aptes à diriger une région en tant que gouverneur ou vice-roi. Que faire, alors ?
Pour régler le problème, le sultan multiple les affectations en essayant de ménager la chèvre et le chou. Moulay Ahmed Dahbi est nommé à la tête de la turbulente Tadla. 3.000 soldats permanents (un chiffre énorme pour l’époque) du corps des Abid Al Boukhari lui sont affectés. Car les tribus du Moyen-Atlas, tout proche, ne jurent toujours que par la Zaouïa Dilaïte qui les a très fortement marqués, pendant des décennies, par ses enseignements et ses maîtres soufis. De son côté, Moulay Abdelmalek est nommé à la tête de Draâ avec également une troupe de 3.000 personnes. Tout ce monde s’installe dans et autour de la casbah qui porte le nom de la région. Mohamed Al Alem est affecté au Souss avec 1000 cavaliers. Le prince est surnommé «Al Alem» (le savant) en raison de sa grande culture et de son érudition, non seulement dans la jurisprudence islamique, mais également en littérature, poésie et autres humanités arabes.
Moulay Zidane, fils de la très influente Lalla Aïcha Mbarka, dite Zidana par référence au nom de son enfant préféré, est nommé dans l’Oriental. Il doit contenir les ambitions territoriales des Turcs d’Algérie. Mais Zidane va plus loin que le désir de son père : il pousse jusqu’à Mascara et fait main basse sur les trésors et autres biens du palais du Bey. Zidane est ainsi relevé de ses fonctions et le prince turc reçoit une réparation de la part du sultan. Il est remplacé par Moulay Hafid.
Par Younes Mesoudi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°161