Le scandale dit «Escobar du Sahara», qui agite grandement l’actualité sociale et politique au Maroc, n’est pas sans rappeler un phénomène historiquement récurrent : celui de la cooptation des notables.
Un notable de la Région Casablanca-Settat, faisait savoir sans ambages que «le parti de l’ami du roi était bien, mais ce poète qui ne cesse de nous rabâcher sa litanie sur la noblesse de l’action politique, sur l’engagement vis à vis des électeurs…doit quitter l’instance». Le poète en question, Salah El Ouadie, était alors porte-parole du parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) qui se chargeait parfois de contacter les antennes du parti dans les régions afin de coordonner des actions, surtout en période électorale. Salah El Ouadie sentait que le projet qu’il avait voulu avec ses camarades de l’association «Mouvement pour tous les Démocrates», un parti de rupture, allait en sourdine tomber entre les mains des anciens marchands des élections et des nouveaux notables, souvent fabriqués ou tolérés par les autorités héritées de l’ère Driss Basri, le puissant ministre de l’Intérieur du régime de Hassan II. La rupture avec qui et quoi ? Certes, les hauts responsables à la tête du pays sont des natifs de la période post-coloniale, ils appartiennent à une autre ère historique. Le nouveau roi, qui venait de prendre les rênes du royaume à la veille du XXème siècle, est considéré de la génération en rupture avec la légitimité historique de l’ère de la lutte nationale pour l’indépendance. Un roi jeune, et la juvénilisation de la vie politique et publique était donc l’un des étendards de la nouvelle ère.
Par Moulim El Aroussi
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