À l’époque où l’Islam est encore une religion relativement nouvelle, en cours d’expansion, les populations du Maghreb, de l’Aqsa (Maroc) à l’Ifrikiya (Tunisie), se soulevèrent contre les discriminations des gouverneurs arabes. Un épisode complexe de l’histoire du Maghreb, qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets.
Àla fin du VIIème siècle, les doctrines égalitaires des kharijites se répandirent en Orient et gagnèrent le petit peuple. Fortement combattus, les kharijites ne subsistèrent qu’en Oman et dans le Hadramaout. Par contre, leurs idées gagnèrent l’Égypte ainsi que les berbères du Maghreb qui, traités avec condescendance par les Arabes, trouvèrent dans l’affirmation égalitaire de tous les musulmans, une autre façon de croire à leur nouvelle religion.
Ibn Khaldoun mentionne ainsi, en l’an 720, une révolte berbère sans lendemains, qui aurait été kharijite. Sans que l’on sache bien comment, le kharijisme, sous sa forme sufrite, avait, dans les années 730, gagné les berbères engagés dans la conquête d’al-Andalus, ainsi que les branches des mêmes tribus combattantes, présentes dans le nord-ouest du Maroc. Le message sufrite (al-suffriyya) avait été notamment adopté par Maysara Ibn al-Hafir, une personnalité dominante des Matghara. Le gouverneur arabe de Tanger était, à cette époque, Omar Ibn Abdallah al-Muradi. Lequel avait, en 734, conduit une expédition contre les berbères du Souss qui s’étaient révoltés, ce qui l’aurait aussi conduit à affronter les Messoufa. Les berbères étaient à l’époque considérés comme des «clients» (muwala) des arabes et n’avaient pas les mêmes droits au butin.
Par Grigori Lazarev
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