Qui ne connaît pas Moulay Ismaïl ? Son nom est lié à Meknès, dont il a fait sa capitale, mais aussi à la princesse de Conti, fille du roi soleil, Louis XIV en personne, dont il a demandé la main… Un nom qui reste d’ailleurs célèbre aujourd’hui encore, en France et dans le monde. Il a fasciné ses contemporains par sa longévité (1672-1727, soit 55 ans de règne), mais aussi par plusieurs facettes de sa personnalité et par ses méthodes. Pourtant, tout ne lui a pas été donné. Sa longue route a été jalonnée de dangers, de périls et d’impasses. S’il a unifié le royaume et s’il a parfois inscrit dans le club des grands de la Méditerranée, ce n’est pas seulement à la violence excessive qu’on lui prête. Et s’il a commis des erreurs et s’est rendu coupable de plusieurs excès, au final, la balance penche bien du côté de la réussite. Et cette réussite avait une clé, voire plusieurs…
Le dossier du mois est une enquête qui nous emmène à l’exploration de ces clés. De la création d’une armée quasi-régulière, forte, disciplinée et dévouée, à la gestion habile des captifs et des «convertis». Et de son sens du jihad utile, jamais aveugle, à sa diplomatie plus fine qu’il n’y paraît. En passant par le rôle étonnant joué par quelques unes parmi les femmes de sa vie…
Un grand voyage. Pour un grand sultan.
Depuis les Saâdiens, le Maroc s’apparentait à ce que les historiens appellent les «siècles obscurs» conséquents à la fin de la dynastie idrisside, par le dépeçage du royaume, sauf qu’on est mieux édifiés sur la période post- saâdienne. Des principautés ici et là, auxquelles le fondateur de la dynastie alaouite, Moulay Rachid, mit fin. Il n’eut pas la vie longue et c’est plutôt son frère, Moulay Ismaïl qui, dans un règne plus long, le plus long de la dynastie alaouite (plus d’un demi siècle), consolida l’unité du pays et mit fin aux velléités séparatistes. Quelques braises persistèrent mais finissent par s’éteindre, devant la fermeté du pouvoir. Certes, la menace chrétienne au nord se faisait moindre, et le sultan récupéra Mahdia et Larache aux mains des Espagnols, et Tanger qui était aux mains des Anglais. La menace turque demeurait persistante, et le sultan Moulay Ismaïl finit par arracher une délimitation frontalière autour de l’Oued Tafna. En réalité, il s’agit des Turcs de la régence d’Alger, devenus autonomes par rapport à la Sublime porte.
Dossier coordonné par la rédaction
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