C’est l’histoire d’une ville qui a compté dans le passé, mais qui souffre encore d’un mal de reconnaissance. Taroudant, pionnière du commerce caravanier, fief de l’islam chiite, puis théâtre des plus grandes intrigues politiques, a pourtant tant à raconter. Son âge d’or, sous la dynastie des Saâdiens, l’a même conduit à postuler au titre de capitale du Maroc. Retour sur un passé fait de gloire et d’oubli…
Le 14 août 1914, au nez et à la barbe des Français et du Makhzen, Ahmed El Hiba, se fait proclamer sultan depuis Marrakech, ancienne capitale impériale qu’il fait soumettre à la surprise générale. Si le fils du résistant Ma El Aïnin est parvenu à un tel exploit à l’heure où le Maroc est tombé officiellement sous l’escarcelle du régime colonialdu Protectorat, c’est parce qu’il a réussi à fédérer des tribus du Souss à Taroudant, étape cruciale de son périple vers Marrakech. Taroudant, la belle endormie, s’est peut-être un instant rêvée d’une splendeur retrouvée, de celle qui propulse de nouvelles dynasties à la conquête du Maroc. Mais contrairement à l’épisode à succès des Saâdiens, quatre siècles plus tôt, l’aventure d’Ahmed El Hiba se fracasse contre la réalité d’une puissance occidentale intraitable, avec laquelle plus personne dans le royaume ne peut rivaliser. Taroudant reste belle, mais replonge dans un sommeil qui l’a peu à peu écarté des grandes scènes de l’Histoire du pays. Aujourd’hui, la perle du Souss refait occasionnellement parlé d’elle à l’occasion de festivals culturels ou de manifestations régionales. Il y’a quelques années encore, la ville abritait un établissement hôtelier unique en son genre, qui a su attirer de prestigieuses personnalités tels Mick Jagger, Alain Delon, Sting ou encore Jacques Chirac, un habitué des lieux. Des vedettes venues chercher une quiétude qui n’a, en réalité, pas toujours caractérisé la cité. Située à la croisée des chemins transsahariens, Taroudant a tôt fait de concerner l’essentiel du commerce de sa région, et même bien au-delà.
Par Sami Lakmahri
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