Octobre 1963. Il y a 60 ans, très exactement, le Maroc et l’Algérie s’engageaient dans une guerre qui sonna, déjà, la fin de l’amitié qui semblait lier les deux États.
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, la question identitaire du pays revient avec force, et ce qui était mis sous le boisseau, ou enseveli, ressurgit et exacerbe les passions : liquidation d’Abbane, l’exécution d’un militant de la première heure, Benai Ouali, qui s’était confié à une grande figure algérienne, Yahia Abdenour : «Nous sommes chargés de cinq mille ans d’histoire. Être libérés de tout envahisseur, avoir le droit de n’être colonisé, ni soumis à la domination d’une personne, c’est cela le message de Jugurtha».
Tout est là. L’Algérie serait-elle fidèle à son histoire et à géographie, ou plutôt amarrée à l’idéologie panarabe, reniant et sa géographie et sa culture ?
Sur ces entrefaites, Ait Ahmed crée le Front des Forces socialistes (FFS) en 1963 pour résister à la dérive arabo-islamiste. Le colonel Slimène Dehilès, dit Si Saddek, clame haut et fort devant ses troupes : «Chez nous, il n’y pas de pharaon, chez nous il n’y a pas de Ramsès II, il n’y a pas de Gamal Abdennasser, ici il y a le peuple».
Mais c’était sans compter le clan d’Oujda, avec ses deux grandes figures, Ben Bella et Boumediene, qui taxent Ait Ahmed de berbérisme, de séparatisme et de trahison. La dimension nationale du parti était pourtant clairement annoncée, mais on voulait discréditer Ait Ahmed. Dans la foulée, Boudiaf est arrêté par le pouvoir algérien. Ben Bella va plus loin et accuse Ait Ahmed de collusion avec le Maroc, et avance que l’insurrection kabyle est soutenue par le Roi du Maroc.
Par Hassan Aourid
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