De Chergui ou le silence violent (1975) aux Cris de jeune fille des hirondelles (2008), un même espace, la vieille ville de Tanger, un même thème, les femmes, une même époque, les années 1950, permettent un parcours transversal de l’œuvre d’un très grand artiste du cinéma marocain : Moumen Smihi.
Moumen Smihi est né en 1945 à Tanger : il n’a, depuis, cessé de le filmer. Ce qu’il filme, de 1975 à 2008, c’est la ville de son enfance, belle, blanche et poétique sous un ciel bleu sans faille ; c’est la vieille ville de Tanger, espace labyrinthique et traditionnel ; c’est la ville internationale des années 1950, théâtre des chambardements de l’Indépendance. C’est le Tanger des magies de l’enfance et du folklore, du carcan des traditions et de la marche de l’Histoire. C’est un Tanger de cinéma, le Tanger d’un homme, d’un artiste, comme le Dublin de James Joyce ou le New York de Woody Allen : non « pour me comparer aux grands, précise le cinéaste, mais pour dire qu’on parle le mieux de ce que l’on connaît le plus, cette territorialité où depuis l’enfance on déchiffre tous les sens du monde, l’amour de la vie, l’amour tout court, les passions de la cité, le devenir, la mort, la multiplicité des langues et des cultures, le destin des hommes de vivre ensemble coûte que coûte ».
Par Marie Pierre
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