Comment la peinture, longtemps marginalisée au Maroc, a fini par s’imposer au point de devenir au cœur de tous les enjeux, y compris financiers et politiques.
Le Maroc est une terre de peinture. Parce que la matière première de l’art reste la lumière. Celle du Maroc est sublime. C’est cette lumière qui éclaire et irradie les couleurs, les paysages et jusqu’aux visages. Bien sûr, et comme ailleurs dans les autres terres d’islam, la peinture a longtemps lutté avec le sacré, qui est souvent à la frontière du fait religieux et du cultu(r)el. Si la peinture occidentale est en grande partie née dans l’église, se débarrassant peu à peu des portraits iconiques des hommes de foi, peignant ensuite les symboles du pouvoir (rois et nobles), avant de «descendre» vers les visages de la société et de s’éloigner progressivement du seul portrait pour élargir le cadre et embrasser jusqu’aux scènes de la vie quotidienne, l’art marocain est resté prisonnier du frein religieux. Voire culturel avant tout. Même si des formes anciennes de «peinture» ont toujours existé (inscriptions et dessins), et même les scrutateurs dits occidentaux en ont exagéré la portée, pour signifier (à tort) l’imperméabilité à toute sensibilité artistique moderne, ce frein se rapportait à la représentation et donc à la possibilité de l’association (le «chirk»). Il frappait, parfois, les tableaux comme les sculptures et plus tard la photo. Mais il ne pouvait durer indéfiniment. Parce les époques et les temps changeaient, évoluaient. Alors les paradigmes et les prismes, les standards et les codes aussi. Au début il y eut, donc, les orientalistes. Dont le plus emblématique reste sans doute Eugène Delacroix qui nous légua, entre autres, le célèbre tableau représentant le sultan Moulay Abderrahmane émergeant de son palais de Meknès (1845). Bien des choses se sont passées depuis. Mais il en est resté quelque chose, forcément. Plus tard, il y eut Henri Matisse, peintre majeur des XIXème et XXème siècles.
Par Karim Boukhari
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