Connu aujourd’hui du grand public comme le premier secrétaire général de la jeune histoire du PAM, Hassan Benaddi dévoile pour Zamane un passé riche et complexe. Communisme, syndicalisme, philosophie, journalisme… Un entretien direct, sans concessions.
Comment allez-vous, M. Benaddi ? Depuis que votre parti est en crise, vos apparitions médiatiques sont plutôt rares …
Je vais bien, merci. Je suis en effet un peu en retrait. Les problèmes au sein du PAM datent désormais de plusieurs années. La preuve, cinq secrétaires généraux ont déjà été consommés depuis la création du parti. J’ai été le premier, dans des circonstances où il fallait créer à la hâte un cadre politique, pour faire suite au MTD («Mouvement de tous les démocrates», ndlr). Ma formation en philosophie m’a appris à ne jamais garder la tête dans le guidon, de toujours prendre le temps de la réflexion. Souvent, l’adhésion à un projet commun est le résultat d’une manipulation. C’est la dure loi de la politique. Certains y trouvent leur compte mais d’autres, plus idéalistes peut-être, déchantent plus rapidement.
Revenons sur votre histoire et sur les circonstances de votre naissance…
Je suis né en 1945 dans une famille affiliée au makhzen depuis longtemps déjà. Mon père, originaire du pays Glaoua, était même un proche de Moulay Hafid pour lequel il a exercé la fonction de vice-ministre de la guerre. J’ai récemment pris connaissance de ces détails de l’histoire en lisant un livre au sujet des Mehallas. J’y ai appris que mon grand père a pris la tête de l’une des campagnes à la suite de la fuite de Bou Hmara de son fief de Taza. L’un des frères de Moulay Hafid, Moulay El Kebir, s’y était installé à son tour. Craignant qu’un nouveau prétendant ne prenne de l’influence, le sultan a ordonné d’envoyer une Mehalla contre Taza. C’est là que j’ai retrouvé des traces de mon grand père qui a donc mené cette expédition. Plus tard, mon père s’est installé à Marrakech un peu dans l’anonymat. Il y rencontre un ancien secrétaire de son père, qui lui suggère de se faire connaître du pacha El Glaoui, qui avait son père en grand estime. C’est ainsi que mon père a intégré les instances du makhzen à Marrakech, avant d’être nommé khalifa à Skoura dans les environs de Ouarzazate, en remplacement de l’un des fils du Glaoui, disgracié. Ces faits se sont déroulés à ma naissance.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)