Dans le Maroc du passé, la vie à l’intérieur du palais grouillait de serviteurs organisés en « corporations » dont les tâches étaient minutieusement détaillées. Tour d’horizon.
Pour le commun des mortels, le palais du sultan n’est pas plus qu’une forteresse secrète dont on ne perçoit que les murs rouges et de grandes portes blindées qui ne s’entrouvrent que rarement, quand le sultan sort de sa demeure d’une manière solennelle. Pourtant, derrière ces murs insurmontables, grouille tout un monde de serviteurs et de domestiques, pour la plupart de condition servile, et dont l’existence tourne autour de la satisfaction des besoins quotidiens de sa majesté.
Antécédents historiques
On ne comprend pas comment ces domestiques de la cour que nous avons appelés «les esclaves du makhzen» purent accéder à autant d’intimité et de pouvoir avec les sultans et devenir des personnages influents, jusqu’à accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat. En fait, nous sommes là devant une tradition islamique qui remonte au moins aux Abbassides. Lesquels, au IXème siècle, avaient importé des esclaves turcs d’Asie centrale pour en faire des soldats et des domestiques de palais. Par la suite, le phénomène «mamelouk» est devenu une caractéristique essentielle de la vie politique en islam.
Au Maroc, les Almohades avaient des contingents d’esclaves sub-sahariens dans leur armée, ainsi que des domestiques noirs. Mais il fallait attendre les dynasties saadienne et alaouite pour voir surgir l’emploi institutionnalisé des esclaves noirs comme soldats, mais aussi comme personnel domestique au sein du palais sultanien.
Le sultan Moulay Ismail, qui avait réussi à mettre sur pied une armée noire de 150.000 hommes, peut être considéré comme l’initiateur de l’organisation de la «maison royale» avec des dizaines de corporations de serviteurs, pour la plupart issus de l’armée des ‘abid-s. Mais ces corporations ont connu à travers le temps des changements structurels importants.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)