Durant le Moyen Âge,l’école de la médecine au Maghreb Al-Aqsa a été le berceau d’une tradition médicale importante. Façonnée par diverses influences, elle s’est développée dans un contexte où la médecine était considérée comme une science islamique de premier plan, associée à des institutions comme Al-Qaraouiyine à Fès, qui ont servi de foyer d’apprentissage pour la pratique médicale de l’époque.
Al-Qaraouiyine était l’une des institutions les plus importantes qui enseignaient la médecine au Maghreb Al-Aqsa durant le Moyen Âge, en plus de son rôle pionnier dans la vie religieuse, politique, sociale et culturelle. À cette époque, la médecine était considérée comme une science islamique de premier plan, tant et si bien que de nombreux savants musulmans considèrent la médecine comme la plus noble des sciences humaines après les sciences religieuses. Cela s’explique par le besoin vital des gens envers cette science, car elle préserve l’âme, l’esprit et le corps. L’enseignement de la médecine à l’université Al-Qaraouiyine ne se limitait pas à la médecine humaine, mais incluait également la médecine vétérinaire, en plus de la pharmacie, basant l’apprentissage sur l’observation, et seuls les médecins les plus éminents dans le domaine du savoir et de la bonne conduite se chargeaient d’y enseigner. Parmi ces praticiens figuraient Ibn Maïmoun, Ibn Bajja et Ibn Al-Khatib. Ces érudits transmettaient aux étudiants les principes de la médecine grecque et arabe, et ils leur enseignèrent des ouvrages tels que ceux de Galien, Hippocrate, Ibn Sina, Al-Majusi, Al-Razi, Ibn Rochd, Al-Zahrawi, Ibn Tofaïl, Ibn Zuhr et Ibn Al-Baitar. L’observation des ouvrages enseignés révèle une intégration cognitive remarquable dans le domaine médical, alliant les aspects théoriques et expérimentaux, tout en manifestant un intérêt pour l’ensemble des parties du corps humain, de la tête aux pieds, accompagné de descriptions détaillées des maladies connues à cette époque, avec des explications sur leurs symptômes, leurs causes et leurs traitements. Tout cela a favorisé la formation de futurs médecins maghrébins de grande renommée, certains ayant obtenu des diplômes médicaux (Ijaza), comme le célèbre Abdallah Ibn Saleh Al-Kotamy en 1207. Considérée comme le plus ancien diplôme médical connu à ce jour, cette « Ijaza » délivrée à Al-Kotamy témoignait et authentifiait ses compétences et connaissances en médecine, et le qualifiait également de «personne intègre, jouissant d’une réputation irréprochable, exempte de tout passé criminel ou de déloyauté». Ceci suggère que l’apprentissage de la médecine à Al-Qaraouiyine requérait la possession de vertus morales exemplaires, en complément des compétences scientifiques.
Par Mouna Bendaoud
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