Le 18 décembre 1923, dans la ville de Paris, il est décidé que Tanger sera dotée d’un «statut international». Jusqu’à l’indépendance du Maroc, la cité du Détroit est un cas unique de cohabitation administrative. Comment les grandes puissances en sont-elles arrivées à un tel arrangement ? Histoire et limites d’un laboratoire sur le sol marocain…
Le 7 avril 1906, le sort du Maroc est réglé. Après des années d’empoignades diplomatiques, les grandes puissances européennes signent le Traité d’Algésiras, qui scelle l’avenir colonial de l’empire chérifien. Ce traité apaise aussi, pour le moment, le climat de plus en plus délétère qui empoisonne les relations entre la France, l’Allemagne, l’Espagne ou encore la Grande Bretagne. Il y est question de zones d’influence sur le Maroc, des réformes qu’il faut y imposer, de la gestion de la police des ports, ou encore de la création d’une banque d’état internationale. Autant de compromis difficiles qui font de la Conférence d’Algésiras un haut fait de l’histoire diplomatique mondiale. Il persiste pourtant un sujet qui ne fait pas l’unanimité des participants. Il s’agit de Tanger, alors capitale diplomatique incontestée du Maroc.
«Tanger doit sa liberté aux jalousies des puissances, la ville devait n’appartenir à personne». Paul Morand sait de quoi il parle. Le diplomate et écrivain français, qui sera plus tard discrédité pour sa collaboration avec le régime de Vichy, est au premier rang des négociations autour de la souveraineté de la ville du Détroit. Un sujet qui s’invite sur la table en mars 1912, au moment de la signature officielle du traité du Protectorat dans lequel est stipulé que «la ville de Tanger gardera le caractère spécial qui lui a été reconnu et qui déterminera son organisation municipale».
Par Sami Lakmahri
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