Départ pour l’aventure : tel fut le crédo des premiers médecins modernes au Maroc. Le cas d’Eugénie Delanoë figure parmi les plus notables.
Delanoë débarque au port de Mazagan alors que le Maroc vivait une série d’épidémies qui exterminaient, lentement mais sûrement, une grande partie de la population. Soigner les notables, sauvegarder la main d’œuvre et protéger les militaires contre d’éventuelles contagions ravageuses. On ne sait pas si le fait d’avoir fait venir des médecins français en terre colonisée était pour sauver la vie des Marocains ou pour autre chose. Beaucoup disaient que les autorités coloniales craignaient deux choses. Premièrement, la maladie se propageant pouvait toucher aussi les soldats ainsi que les collaborateurs. Deuxièmement, la réduction de la main d’œuvre dont avaient besoin les colons qui venaient de s’installer. Mais malgré cela, et c’est ce que nous allons voir à travers ce récit, il y avait, parmi les médecins français qui en dépit de leur langage qui frisait le racisme à l’adresse de ce qu’ils appelaient les indigènes, des humanistes dévoués à sauver la vie des habitants démunis. Quand on analyse, par exemple, les mobiles qui ont présidé à la venue de Madame Delanoë à Mazagan, on ne trouve aucun intérêt, hormis celui d’améliorer sa condition financière. Après l’obtention de son doctorat d’État en mai 1912, elle voyait son mari se faire nommer en l’automne 1912, médecin des colonies en Côte d’Ivoire après avoir échoué à améliorer sa situation lucrative en tant que laborantin à l’Institut Pasteur de Paris. En mai 1913, soit une année après avoir été reçue Docteur d’État, le général Lyautey lance, à la Faculté de Médecine de Paris, un appel pour engager des femmes médecins pour le Maroc. Elle était la seule à s’engager et entreprit ainsi le voyage.
Par Moulim El Aroussi
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