Jusqu’au début du XXème siècle, la pratique médicale au Maroc consistait en une mixture étrange de systèmes thérapeutiques provenant d’horizons fort divers.
On y trouvait alors des survivances de la tradition médicale hellénistique, de la médecine expérimentale arabe du Moyen-âge, ainsi que les pratiques populaires de guérison datant des temps immémoriaux. Les Marocains avaient également recours à la magie-sorcellerie et aux tailsmans du faqih, sans repousser les bienfaits de la médecine moderne que leur proposait le «Chrétien» !
Au début du siècle dernier les jours glorieux de la médecine arabe comme elle avait été développée par Ibn Sina, Ibn Zouhr et d’autres encore, n’était plus qu’un souvenir lointain. En effet, la période de la splendeur des sciences arabes (ou plutôt islamiques) allait du IXème au XIIIème siècles, après laquelle ces dernières connurent un déclin qui n’a pas échappé aux historiens du Moyen-âge. Ibn Khaldun (m. 1406) constatait déjà la sclérose qui frappait toutes les disciplines, en particulier la médecine, au Maghreb plus qu’ailleurs. «Ceci étant posé, je dirai que la bonne tradition (sanad) de l’enseignement scientifique a pratiquement disparu au Maghreb, parce que la décadence politique et la dépopulation des villes ont entraîné la dégradation et la perte des arts… La jurisprudence n’est plus que l’ombre d’elle-même. Quant aux autres matières intellectuelles, il n’en subsiste plus rien». En essayant d’en expliquer les raisons Ibn Khaldun avance que la disparition de la tradition scientifique dans l’Espagne musulmane suite à la reconquista était la cause principale de ce déclin.
La médecine arabe du Moyen-âge reposait dans une large mesure sur le savoir médical de la Grèce antique, en particulier sur la théorie des humeurs telle qu’elle avait été développée par Hippocrate et Galien. Cette théorie considère que la santé de l’âme comme celle du corps réside dans l’équilibre des humeurs – sang, phlegme, bile jaune, bile noire – et des qualités physiques – chaud, froid, sec, humide – qui les accompagnent.
Par Mohamed El Mansour
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