En répondant à nos questions, Tahar Ben Jelloun admet ne s’être jamais autant confié sur ses «histoires marocaines». L’écrivain, mondialement connu et objet de dizaines de traductions, lève enfin le voile sur son rapport profond à son pays natal. Il nous révèle les raisons de son départ dans les années 1970, tout en se défendant d’avoir détourné le regard sur «les années de plomb». Il revient également sur ses rapports polémiques avec Aziz Binebine ou encore Mohamed Choukri. En toute franchise, il dresse le bilan du royaume d’aujourd’hui, de ses forces mais aussi de ses dérives. Dans cette interview, Tahar Ben Jelloun insiste aussi sur la «guerre» que livre la France au terrorisme islamiste. Un sujet dont il a fait un véritable combat personnel. L’écrivain marocain le plus primé de l’histoire se défend d’une littérature «folklorique» et encourage ses compatriotes à oser l’écriture….
Une fois n’est pas coutume, la première question concerne le magazine Zamane qui fête ses 10 ans. Vous qui racontez des histoires, quel regard portez-vous sur l’Histoire du Maroc, son importance et sa transmission au public ?
Tout d’abord, je vous remercie de me donner l’opportunité de m’exprimer dans Zamane, un outil d’analyse et d’intelligence que j’estime et apprécie depuis sa création. Dix ans ! Ce n’est pas rien. C’est même une victoire, dans un monde où tout va très vite, où le superficiel l’emporte sur l’essentiel. Bon anniversaire et longue vie à Zamane.
Votre actualité médiatique se passe en France, frappée une nouvelle fois par le terrorisme…
Nous vivons des jours douloureux, sur tous les plans. L’horrible assassinat de Samuel Paty, prof d’histoire et de géographie, le 16 octobre 2020, a été un événement considérable qui a posé des questions extrêmement graves. L’islamisme en France (salafistes, frères musulmans) est une réalité bien répandue dans la communauté musulmane. On estime à 25% de musulmans en France appartenant à ce courant dont le but est d’imposer un islam wahhabite, dur, avec l’application de la charia. Le nombre de musulmans en France est estimé entre 5 et 6 millions. Le quart de cette population est acquise à l’idée aberrante que les lois de la charia sont d’office au-dessus des lois de la République…
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°120