Au sein de l’Empire ottoman, c’est sous le règne de Soliman le Magnifique que le harem est à son firmament, plus secret et fantasmé que jamais. Au fond, à quoi pouvait bien ressembler la vie d’une jeune esclave à l’intérieur de cette institution ? Voici, en mêlant fiction et réalité, une reconstitution.
Les femmes qui peuplent les harems ottomans de l’époque moderne n’ont pas fait l’objet d’une mise par écrit par leurs contemporains, car elles appartiennent à la sphère privée, au domaine de la vie intime, que la pudeur impose de couvrir du voile du silence. L’historien désireux de plonger dans le détail de leurs vies s’attelle à une tâche délicate. Il lui faudrait céder sa place au romancier, se dégager des carcans disciplinaires, pour se lancer dans cet exercice.
Un tel défi ne manque pas de piquant : ne pourrait-il mobiliser l’ensemble de son savoir pour esquisser les contours d’un personnage, certes fictif, mais plausible? La tentation est trop belle, elle mérite un essai. Les contours sont posés : donner à voir un moment de vie d’une femme du harem à l’époque de Soliman le Magnifique. Mais lequel ? Pourquoi ne pas répondre à l’une des intrigues du harem et reconstituer le moment de la rencontre avec le sultan ?
Soit, donc, une jeune esclave nommée Bülbül (le rossignol), dotée d’une belle voix cristalline qui enchante les soirées de ses auditrices. Entrée au harem impérial à l’adolescence, pendant plusieurs années, elle y a suivi la formation de toutes les jeunes recrues esclaves (les cariye, lire djariyé). Elle est belle, autant que ses compagnes : pour se distinguer des autres, elle dispose d’un atout, le chant, qu’elle a perfectionné depuis son entrée au harem. Grâce à sa voix, elle a été remarquée par la Reine Mère, qui a décidé de la prendre parmi ses dames de compagnie.
Par Juliette Dumas
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