Dans cet entretien, Aomar Akerraz, spécialiste du Maroc antique, revient sur des questions essentielles, souvent méconnues, du Maroc anté-islamique.
C’est quoi le Maroc antique ?
Il faut préciser de prime abord que l’État marocain n’existait pas dans l’Antiquité. Le territoire actuel du Maroc était en grande partie appelé Libye, comme le reste de l’Afrique du Nord. Nous parlerons donc plutôt de l’histoire ou des histoires de l’État marocain tel qu’il est aujourd’hui constitué. Ce qui vaut pour le Maroc vaut d’ailleurs aussi pour tous les Etats contemporains.Chronologiquement, l’Antiquité marocaine commence avec les premières installations phéniciennes sur les côtes à partir du VIIIème siècle avant J.C. et se termine avec la conquête musulmane à la fin du VIIème siècle après J.C. Il s’agit donc de 15 siècles d’histoire, mal connue des chercheurs et totalement ignorée de la majorité des Marocains.
Et comment on sait ce qu’on sait sur ce «Maroc»?
L’histoire du Maroc antique est tout d’abord très mal connue, à tel point qu’Henri Terrasse dans son «Histoire du Maroc» déclarait au début du siècle précédent qu’il était impossible d’écrire une histoire du Maroc avant l’islam. Toutefois, le développement de l’archéologie et la multiplication des recherches archéologiques, conjuguées à des analyses fines des textes gréco-romains, permettent aujourd’hui d’esquisser un fil conducteur de l’Antiquité marocaine. L’archéologie, avec ses méthodes scientifiques (datation, stratigraphie, céramologie, numismatique, épigraphie…) et ses découvertes (céramique, amphores, monnaies, inscriptions, monuments, sculptures…), permet de mieux interroger et faire parler les restes découverts aussi bien dans les villes anciennes que dans les campagnes.
Pros recueillis par Maâti Monjib
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