Le «vent de révolution» qui souffle de l’est ces temps-ci nous pousse à revenir sur les racines historiques des mouvements de contestation populaire, au Maroc et ailleurs.
La contestation politique et sociale, même sous une forme violente, est inhérente à tous les systèmes de gouvernement. Bien sûr, le Maroc ne fait pas exception. Il n’a pas non plus attendu les théories marxistes pour vivre ses propres bouleversements, imprégnés de revendications sociales et politiques, parfois pacifiques mais qui, à cause de la répression, basculent souvent dans la violence. Encore faut-il s’entendre sur les termes : qu’est-ce qu’une révolution ? A partir de quel moment une révolte devient-elle révolution ? Qu’est-ce qui distingue l’émeute de la révolte ? On parle souvent de révolution culturelle, de révolution industrielle, ou encore de révolution technologique. Il reste que, étymologiquement, le terme «révolution» évoque un renversement de l’ordre des choses, un bouleversement annonciateur d’une ère nouvelle. La révolution serait ainsi un moment plus ou moins long marquant un point de rupture dans l’Histoire. Aux niveaux politique et social, la définition serait néanmoins incomplète si on n’y ajoutait pas les facteurs humain et idéologique : une révolution draine les foules, mobilise des slogans et repose sur une contestation de l’ordre en place ainsi que sur une utopie mobilisatrice.
Forcément, la notion est intimement liée à «la mère de toutes les révolutions», celle de 1789, que la plupart des historiens choisissent de clore en 1799, avec l’établissement du Consulat de Bonaparte. En dix ans, la France aura connu au moins trois régimes (monarchie constitutionnelle, Convention et Directoire) sans pour autant qu’à chaque changement on parle de révolution. La cause en est simple : le nouvel ordre instauré était à chaque fois précaire et éphémère. Ainsi ne peut-on juger d’une révolution qu’a posteriori, au regard de la profondeur et de la pérennité du changement opéré.
Par Souleïman Bencheikh
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