Le capitalisme du Maroc contemporain a longtemps oscillé entre interventionnisme et libéralisme, avant de céder aux sirènes de la mondialisation.
En 1912, le Maroc est placé sous protectorat français. C’est le coup de grâce après un long processus de déstructuration du modèle économique marocain traditionnel. Le Maroc entre dans une nouvelle phase, celle du capitalisme dépendant. L’afflux de capitaux étrangers, surtout français, place le pays dans la périphérie du capitalisme mondial. Une situation qui dure jusqu’au temps présent. C’est à l’époque du protectorat que le noyau du secteur privé marocain commence à se constituer dans le commerce, l’immobilier et l’agriculture. Mais le gros des capitaux reste entre les mains des étrangers. Il faudra attendre les lendemains de l’indépendance pour que le secteur privé marocain prenne véritablement son essor, sous l’égide de l’Etat.
Ainsi le gouvernement décide-t-il d’encourager une nouvelle classe d’entrepreneurs privés à s’attaquer à des secteurs bien définis. Priorité est donnée à l’agriculture d’exportation, au tourisme et à l’industrie de substitution. Parallèlement, l’Etat encourage l’association du capital privé marocain au capital étranger. Cette nouvelle politique se développe dans le cadre « d’un pacte signé entre la monarchie, les grandes familles proches du pouvoir et les autorités coloniales à la veille de l’indépendance », analyse l’économiste Saïd Saadi. Ce pacte va conduire à ce qu’on appellera des années plus tard la «Françafrique». Ainsi, dans le secteur agricole, la redistribution des terres coloniales ne dépasse pas quelques milliers d’hectares. Malgré l’institutionnalisation du contrôle des opérationsimmobilières réalisées par les étrangers, on prend soin de rassurer les colons. «L’opération Labour» (lancée en octobre 1957 avec l’ambitieux objectif de couvrir 1 million d’hectares en 5 ans et de promouvoir l’organisation coopérative dans la société rurale) fait long feu, cédant aux attaques des grands propriétaires fonciers dont elle menaçait les intérêts.
Par Aziz El Yaakoubi
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