En marge de la 17e édition du Festival Gnaoua, Essaouira a accueilli des intellectuels pour un grand débat autour de « L’Afrique à venir ». Un rendez-vous très instructif.
Depuis peu, le Maroc ose tourner son regard vers son identité africaine et l’heure pour le dialogue culturel entre les deux rives du Sahara semble avoir sonné. Quel meilleur symbole que la ville d’Essaouira, place mythique d’un brassage culturel unique, pour relancer cet échange dissipé par le temps.
C’est donc en marge de la 17e édition du Festival Gnaoua et Musiques du monde que s’est tenu, dans la ville des Alizées, un forum consacré à la thématique africaine. Intitulée « L’Afrique à venir », cette initiative a également laissé la part belle à l’histoire, celle du métissage qui s’est opéré pendant des siècles, en particulier dans la région d’Essaouira. L’histoire était donc au premier plan d’un forum qui a rassemblé une vingtaine de participants, venus d’horizons africains divers. La conférence inaugurale, qui a eu lieu le vendredi 13 juin dernier, a été présentée par un archéologue malien : Doulaye Konate, qui est en outre président de l’Association des historiens africains, a rappelé à l’assistance que le passé commun entre les peuples du Sahel et du Maghreb remonte aux fonds des âges de l’humanité. Un contact qui s’est accéléré avec le développement du commerce des caravanes qui ont longtemps sillonné la région. Pour Driss El Yazami, président du CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme) et organisateur du forum, cette occasion « est une chance pour le Maroc qui s’inscrit de plus en plus clairement dans une nouvelle ère de relations avec les autres pays africains ». Pour lui, inclure la thématique africaine au sein du Festival Gnaoua sous l’aspect d’un forum est tout à fait nature : « Lorsque nous avons discuté de ce projet avec les partenaires, il nous était impossible de ne pas penser Afrique sachant qu’Essaouira est considéré comme le port de Tombouctou ». Cette réflexion qui repose sur la solidité des liens qui unissent les deux rives du Sahara est restée au cœur des débats durant les deux jours qui ont constitué cet événement. Nostalgie et référence à l’Histoire, mais également difficultés et incompréhensions du présent, ont fait l’objet de débats souvent de hautes factures. Un espace de franc-parler, sans concessions, dans lequel se sont distingués les chercheurs, les partenaires et les participants du forum d’Essaouira.
Par Sami Lakmahri